Les fonctions cognitives, qu’est-ce que c’est ? A quoi nous servent-elles ? Pourquoi est-il si important de les stimuler ?
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Ecrit le 29 Oct
Mise à jour le 08 Nov
par Bolzinger Pénélope, Chargée de communication
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Santé Stimulation Jeux cognitifs Troubles Cognitifs
Professionnel Fiches pédagogiques ExoStim

Les fonctions cognitives sont les capacités de notre cerveau à entrer en interaction et à s’adapter à
notre environnement.
Elles permettent de percevoir, de se concentrer, d’acquérir des connaissances, de raisonner, de
s'adapter et d’interagir avec les autres.

Les fonctions cognitives recouvrent :


Les fonctions instrumentales
Elles regroupent le langage, les gnosies (connaissances) praxies (savoir-faire, gestes) ; les fonctions
visuo - spatiales(repérage et adaptation de notre corps/ des objets dans l’espace) ; la mémoire et
l’attention.
Elles permettent d’analyser la situation et d’ajuster la conduite à tenir.

Les fonctions exécutives
Elles témoignent de la capacité de chacun d’entre nous à s’adapter à de nouvelles situations et, pour
cela, sortir de notre zone de confort, de nos habitudes routinières afin que notre niveau de vigilance
et d’attention soient maximales.

La mémoire

C’est la capacité de retrouver l’information contenue dans un message précédemment vécu en
l’absence de celui-ci ou de reconnaitre cette information parmi d’autres.
La mémoire est une de ces fonctions cognitives. Elle peut être de deux types :
• La mémoire explicite ou déclarative, qui comporte nos connaissances sur le monde, nos
souvenirs personnels, les repères temporaux ainsi que les contextes affectifs et émotionnels.
Elle regroupe l’apprentissage du « quoi ». (ex : je connais les dates d’anniversaire de mes
proches, je retiens sans efforts les titres des films que je vois, les noms et les visages de
connaissances lointaines, les souvenirs de vacances...)
• La mémoire implicite ou procédurale, qui retient les savoir-faire et les compétences, pour
appliquer les connaissances de manière automatique et inconsciente. Elle rassemble quant à
elle l’apprentissage du « comment ». ( ex : habitudes quotidiennes ; cuisiner, conduire )

Pour mieux comprendre, prenons exemple dans notre vie quotidienne.

Ce matin, je me lève, petit déjeuner, douche, habillage fonctions instrumentales (les gestes
« praxies » ; fonctions visuo -spatiales ; ), (mémoire procédurale habitudes et actions automatiques),
départ pour un trajet estimé à 45 minutes bouchons inclus, pour une journée de travail anticipée
(gnosies), planifiée (capacité visuo- spatiales ; calcul) .

(Exemple de mise à l’épreuve des fonctions exécutives)
Patatras, deux élagueurs bouchent la sortie de mon chemin, plus loin travaux et feux alternés,
ralentissements (perception, attention, analyse), 15 min de retard assuré (calcul ; connaissance des
repères temporaux, anticipation) si mon cerveau n’invente pas une autre solution. Fonctions
exécutives (résolution de problème, concentration, prise de décision, organisation et planification) ;
Un moment l’idée de griller un feu orange m’effleure, mais non (inhibition), et hop option autoroute
à péage pour finalement arriver à l’heure, ouf ;( raisonnement ; prise de décision ; action).

(Explication/ exemple des Fonctions Instrumentales)
C’est mon tour d’emmener les enfants à l’école et la vigilance absolue ! : voitures des parents
stationnées en double file, enfants qui traversent en courant hors passage piétons (attention) .Devant
moi, au rond-point je reconnais( mémoire explicite perceptive) la voiture du grand père de Maxime :
freinage anticipé, lenteur d’exécution, pas de contrôles des angles morts, hésitation à s’engager,
klaxons des autres automobilistes et c’est en professionnelle que je réagis : vigilance, tolérance et
respect ; c’est normal et lié à l’âge car sa capacité d’adaptation est moins fluide en raison de la
diminution des capacités multiples de ce senior, le plus stressé de nous tous, c’est sûrement lui !
Sur le trajet je passe en revue la journée de travail qui m’attend : (mémoire ; visualisation ;
organisation) Appel important à un client à 14h ; envoi d’une dizaine de mails ; poser mes congés
(Visualisation/ anticipation).

Fin de journée, heure des courses. Oui je les fais le mercredi car je sais qu’il y a des promotions
(mémoire explicite épisodique). Bien sûr j’ai oublié la liste à la maison je vais donc devoir me
débrouiller ! Pas de problème je connais le magasin par cœur et je ferai mon trajet habituel ; mais
non ! ils ont changé l’implantation de mes rayons habituels ! (Manipulation mentale ; structuration
spatiale), il faut donc que je me remémore ce que j’ai écrit (concentration ; mémoire de travail ; image
mentale) pour ne rien oublier. Mais à coups surs une fois arrivée à la maison j’aurai oublié un article !
Dans tout ce chamboulement, ma capacité attentionnelle si sollicitée aujourd’hui, montre ses limites
en fin de journée.
Vivement l’heure d’aller me coucher !

Autant d’exemples de nouvelles situations partagées de tous que nos capacités cognitives aident à
affronter sans encombre et dans l’exercice de notre autonomie.
Malheur, le chat a sauté sur la table et a renversé ma tasse de café sur un document important alors
que je suis prête à partir...

Long entretien téléphonique avec un client...et la crèche qui ferme dans 5 minutes...
Je vais me coucher, fatiguée, appel de la meilleure amie en pleine déprime...
Un dîner chez des amis en pleine campagne, hors réseau, GPS muet...je suis complètement perdue

Du lever au coucher, nous les sollicitons pour faire face à tous les aléas, aux imprévus qui ne manquent
pas de se présenter et nous obligent à sortir de notre routine ; ces imprévus vont mettre à l’épreuve
notre humeur et notre capacité à y faire face, donc notre (fonctions exécutives) flexibilité. Il y a des
jours où il est parfois plus difficile de garder son calme, la fatigue, par exemple peut nous rendre moins
flexible et irritable, alors qu’un autre jour, reposés, nous serons plus à même de les gérer.

Nos journées paraissent parfois routinières et banales mais quand l’imprévu s’invite il nous offre son
lot de surprise que nous recevons et analysons selon nos dispositions du moment.
Quand nos fonctions cognitives font défaut nous ne sommes plus en mesures de maintenir notre
autonomie dans une journée dite « banale » et chaque nouvelle situation est une épreuve.
Connaissance et réception de l’information sont (fonctions instrumentales) biaisées ; donc les
capacités d’adaptation face à une nouvelle situation (fonctions exécutives) inadaptées.

Alors si vous voulez maintenir votre autonomie et repousser le déclin à plus loin, n’hésitez pas à sortir
des sentiers battus ! Vous renforcerez vos performances cognitives.
Voilà pourquoi chez ExoStim nous avons le souci de vous accompagner dans la stimulation cognitive
pour maintenir les capacités cognitives mais aussi repousser le déclin dans une démarche préventive.
Ainsi notre application ExoStim vous propose un véritable coach cérébral.

Dans l’application ExoStim nous avons choisi de décliner les 31 fonctions cognitives évaluées sous
forme de 5 thématiques :


- Fonctions instrumentales
- Langage
- Fonctions exécutives
- Fonction visuo spatiale
- Mémoire

Pratiquer régulièrement des jeux de mémoire est primordial pour entretenir et améliorer ses fonctions
cognitives.

A vous de Jouer !

Regardez bien cette image ...

... et mémorisez...

Qu’est-ce qu’il se passe quand je retiens une information ?


1) l’encodage (identifier l’information à retenir)
2) Le stockage (la manière dont on va retenir l’information)
3) La récupération (aller chercher « dans un coin de sa tête » l’information retenue)
4) La consolidation (période durant laquelle le cerveau répète l’information retenue) D’où l’importance
de la répétition ! régularité !

Petit test (à proposer sur une page différente de la précédente) : Pouvez-vous me citer 4 objets
représentés dans l’image du cortex cérébral imagé, représenté précédemment ? (SANS TRICHER !)

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Ils ont perdu des fonctions cognitives qu’ils ne pourront pas récupérer

Rencontre avec Clémentine Duval, psychomotricienne

La pandémie du Covid-19 a mis en lumière de nombreux dysfonctionnements dans le domaine de la santé. Plusieurs incohérences dues au manque de visibilité sur la situation ont conduit à une cacophonie des services, qui ont dû tant bien que mal s’adapter pour continuer à suivre les patients.

Les services à domicile ont été - sûrement plus que les autres - victimes de ces incohérences.

Certains sont d’abord jugés non essentiels (mars 2020) puis de nouveau essentiels en automne. Les services hospitaliers sont saturés, le maintien à domicile doit être privilégié, mais les aides à domicile ne sont pas reconnues par les pouvoirs publics. Tout comme les EHPAD, le manque de matériel et de personnels est accentué par la crise mais les systèmes publics peinent à coordonner leur réapprovisionnement…

Les services d’aides à domicile ont dû s’adapter pour soutenir les patients qu’ils suivent au quotidien et qui ont souffert d'un isolement aggravé par la pandémie.

Cet isolement n’est pas sans conséquence sur les facultés cognitives, en particulier pour les personnes souffrant de troubles cognitifs ou neurologiques. Clémentine Duval, psychomotricienne au SSIAD de Marines, nous parle de l’évolution de la situation des patients qu’elle suit, mais aussi des services d’aides à domicile.



Photo de Clémentine Duval

Clémentine Duval est psychomotricienne au sein du service de soins infirmiers à domicile SSIAD de Marines de la Croix-Rouge. Elle coordonne les parcours de soins et les intervenants de l'équipe spécialisée Alzheimer.

Rencontre avec Clémentine Duval

Pouvez-vous présenter le SSIAD (Service de soins infirmiers à domicile) de Marines ?

Nous avons en charge un maximum de 30 personnes par semaine pendant 15 séances. Je fais une première évaluation de la mémoire de la personne et des troubles cognitifs. Ensuite une assistante en soins gérontologique qui fait partie de l'équipe de l'ESA vient réaliser les séances avec les objectifs que j'ai déterminés. Je reviens au milieu et en fin de prise en charge pour évaluer le besoin. L'objectif, c'est de mettre en place des relais pour les personnes qui ont des troubles cognitifs à domicile, pour qu'ils ne se sentent pas isolés. Il faut qu'elles soient stimulées et qu'elles puissent rester à domicile et maintenir leur autonomie au maximum.

À l'ESA on s'occupe uniquement de personnes avec des troubles cognitifs, mais au SSIAD le spectre est plus large. Nous sommes en charge de personnes atteintes de troubles cognitifs mais aussi neurologiques ou encore en situation de handicap.

Vous êtes-vous rendu compte de l’ampleur qu’allait prendre la crise sanitaire ? Y avait-il des signes annonciateurs dans votre fonctionnement ?

Cela a été marqué pendant le premier confinement, même si quelques semaines avant c’était déjà compliqué. L'ESA a été obligée de fermer ses services car on ne faisait pas partie des services essentiels. Pendant le premier confinement ils nous ont fermé pendant deux mois.

Pour le SSIAD, c'est vraiment pendant le premier confinement qu'il y a eu une grosse prise de conscience.

Ça a été très compliqué parce que les aidants ou les personnes qui s'occupent des personnes malades à domicile se sont trouvées sans rien du jour au lendemain. Les centres d'accueil de jour ont fermé, les associations qui prenaient en charge les personnes pour soulager les aidants comme France Alzheimer et les haltes répit ont fermé. Ça a été difficile pour eux, pour nous aussi, parce qu'on a essayé de maintenir un lien avec les personnes les plus isolées par téléphone en les appelant régulièrement.

Sauf que c'est compliqué parce que parmi ces personnes, certaines ne sont même plus en capacité de décrocher le téléphone. D’autant que ça ne remplace pas le contact humain. Et puis, on va dire que les réseaux d'information tels que BFM TV ou LCI n'ont pas aidé à rassurer les personnes âgées (rires).

Au niveau du SSIAD nous avons dû adapter notre façon d'intervenir à domicile. Tout un protocole de désinfection des mains, des voitures de service, du matériel a dû être mis en place, avec en plus le port du masque et les blouses.

Et au niveau relationnel, certains patients qui ont des troubles cognitifs nous ont vu habillés en blouse. Nous avons dû leur expliquer qu'il y avait un virus, qu'on devait se protéger, qu'on arrêtait les serrages de main. Il y avait des personnes très tactiles avec peu de passage dans la journée donc ça a été compliqué de leur faire entendre que tout ça c'était fini.

Mais là où ça a été encore plus marqué, c'est quand on a repris l'activité. Quand j'ai refait mes évaluations cognitives, les personnes avaient perdu 5 points sur chaque évaluation (sur 30). C'est énorme. Ils ont été coupés de tout et ils ont perdu des fonctions cognitives qu'ils ne pourront pas récupérer. Quand c'est perdu, c'est perdu. Ça a été vraiment une grosse claque, c'était très compliqué pour les personnes âgées.

Après les deux mois de fermeture vous avez pu reprendre votre activité comme avant ?

On n'a pas eu d'informations de l'ARS, donc chacun faisait à sa sauce. Certains ESA ont décidé de reprendre progressivement l'activité en prenant d'abord les personnes les plus isolées. Nous, en tant qu'ESA de campagne, nous nous occupons de personnes plus isolées et nous avons choisi de reprendre tout le monde au même niveau, ainsi que de reprendre certains patients à qui il ne restait que quelques séances pendant 4-5 séances supplémentaires pour ne pas les laisser sans rien à cause de la coupure. Et on a repris l'activité comme avant.

Comme au SSIAD on a dû adapter nos protocoles : port du masque, lavage des mains... On a dû privilégier des supports qui pouvaient se désinfecter, donc éviter les jeux de cartes, ces choses-là. Ou alors papier crayon à condition qu'ils restent chez la personne.

On avait monté un dossier auprès de la conférence des financeurs pour avoir les tablettes numériques, ce qui a été mis en place en fin d'année. Ça nous a permis de mettre en place des relais et de pouvoir poursuivre les séances à distance.

Est ce qu'il y a eu des changements dans la manière de fonctionner avec les collègues ?

L’organisation interne a dû être modifiée. Sur toute l’année 2020, toutes les réunions d’équipes avec tous les intervenants ont dû être supprimées, tout simplement parce qu’on ne pouvait pas accueillir tous les salariés.

Pour les petites équipes, comme à l’ESA, nous sommes 5, donc nous avons pu continuer à coordonner les soins et les dossiers ensemble.

Ce qui a changé aussi, c'est que les salariés ont été plus sur le qui-vive face aux symptômes du covid, car on a eu des patients et des salariés atteints pendant la seconde vague.

Les dossiers patients numériques, en place avant la pandémie, nous ont permis de continuer de travailler et de mettre à jour régulièrement les données des patients. Là dessus, il n'y a pas eu de changement.

Est-ce qu'il y a eu un appui de la Croix rouge nationale ? Est ce que faire partie d'une grande organisation représente un avantage ?

La Croix Rouge a mis en place au début de la crise sanitaire ce qu'ils appelaient "Croix-rouge TV". Tous les midis, le président national délivrait un communiqué pour toutes les structures Croix-Rouge qui nous informait au jour le jour de ce qui se passait au niveau du Covid dans les régions et ce qui allait être mis en place aussi bien pour les salariés que pour les patients. Ça permettait d'avoir les informations au même moment pour tous les salariés.

Au niveau du matériel de protection, masques, gel hydroalcoolique on a été pas mal épaulé par la Croix-Rouge. Notre direction nous appelait toutes les semaines pour faire des points régulièrement. Si on avait besoin d'autre chose, si on éprouvait des difficultés on pouvait aussi communiquer avec les EHPAD s'il y avait besoin d'un surplus de matériel. La Croix-Rouge était quand même un avantage face à la crise sanitaire.

Par ailleurs, puisque je n'étais plus sur l'ESA au niveau de l'équipe, j'ai proposé des séances de relaxation pour les salariés pour leur permettre de souffler un peu, parce qu'ils étaient aussi très angoissés. C'était aussi l'occasion de parler de tout le stress que cela engendre au niveau de leur profession.

Y a-t-il eu des échanges avec d'autres SSIAD / SAAD / ESA pour le matériel ?

Il y a un SAAD qui n'est pas la Croix-rouge qui fait des permanences dans nos locaux. On a des patients communs donc on a pu se coordonner avec eux sur le secteur. À un moment, on a eu des problèmes pour assurer certains soins parce qu'on était en sous-effectif. Nos salariés ont fait des heures supplémentaires et les salariés du SAAD, parce qu'ils sont habilités pour l'aide à la toilette, nous ont prêté main forte ponctuellement pour nous permettre de pouvoir tourner et que tout le monde puisse avoir ses soins comme il faut.

Au niveau des SSIAD et des ESA on n'a pas eu beaucoup de réunions mais on a eu un échange avec tous les SSIAD du 95 (pas nécessairement Croix-rouge) sur leurs difficultés pendant la crise. Ce qui ressort principalement, c'est le manque de personnel : le Ségur de la santé est passé pour l'hospitalier mais pas pour le domicile. On avait déjà du mal à recruter, mais là ça s'est accentué.

Ces échanges sont-ils impulsés par le département ou organisés entre vous ?

On organise tout entre nous. On a un groupe d'échange par mail qui permet de contacter les autres services s'il y a des difficultés et d'organiser des réunions. Ça existait avant la crise mais les réunions étaient moins fréquentes, à peu près tous les six mois. Ça s'est accéléré avec la crise, on s'est retrouvés pris au dépourvu parce que pendant le premier confinement on était non essentiels puis on est passé essentiel.

Et puis, l'ARS avait du mal aussi, donnait des recommandations, mais sans être explicite. C'était bien d'avoir ces réunions là pour en discuter, pour se mettre tous d'accord et qu'on avance tous dans la même direction. Ça a permis d'homogénéiser les fonctionnements.

Est-ce que vous avez pu échanger avec les autres pouvoirs publics : collectivités locales notamment ?

On a eu des échanges, mais... Je pense que la crise sanitaire a aussi surpris les pouvoirs publics. Ce qui a été difficile pour nous dans le Vexin c’est qu’il n’y a pas de relais. On avait un centre d'accueil de jour qui a fermé. On est vraiment en solo pour les personnes âgées.

Au niveau associatif, les seules associations qui sont présentes, un peu soutenues par la mairie et la commune est la halte Répit Détente Alzheimer tenue par des bénévoles Croix-Rouge donc proche de notre fonctionnement. Eux ont dû fermer le lieu d'accueil et ne faisaient que du domicile.

Les mairies ont mis en place des centres de dépistage et nous ont appelé pour savoir si on avait assez de masques, de gel, etc. Des entreprises aussi nous ont contactés, parfois pour des dons.

Eux ont dû gérer le dépistage. Maintenant on est dans la vaccination. Donc, encore une fois, chacun fait un peu dans son coin. Par exemple, la MAIA nous a demandé de recenser les personnes qui voulaient se faire  vacciner au niveau de l'ESA et du SSIAD. Avant même qu'on leur rende, l'ARS avait déjà mis en place des vaccinations à domicile. La MAIA a organisé d'autres équipes via les SSIAD et les infirmières libérales. Les mairies aussi ont mis en place des équipes mobiles de vaccination, le tout sans se coordonner.

Chacun veut bien faire, mais les acteurs publics ont du mal à se coordonner. Sachant que la MAIA a été mise en place il y a un an, donc pendant la crise sanitaire. Ça manque un peu de coordination mais on s'en sort.

Est-ce que vous avez jugé l'information offerte aux patients et à leurs proches suffisante en quantité et en qualité ?

Alors on a joué un rôle, car il y a eu trop d'informations pour les aidants et les personnes accompagnées. On s'est retrouvés avec beaucoup de personnes qui nous ont posé des questions du type : "est ce que si je vais voir ma mère, il faut que je me fasse tester toutes les semaines?" ; "Est ce que si je porte un masque, et que je me lave les mains je peux quand même aller la voir?" etc.

J'ai aussi des patients qui se sont complètement isolés, qui ont arrêté de faire leurs courses... Il a fallu trouver le juste milieu au niveau de l'information pour leur expliquer que oui, il fallait mettre en place les gestes barrière, qu'il fallait se laver les mains, etc.  Mais qu'il fallait rester quand même humain et que, dans la maladie d'Alzheimer il y a besoin de liens sociaux.

On a temporisé avec les infos qu'ils recevaient de plusieurs sources. Il y a eu pas mal de questions autour de la vaccination : "où se faire vacciner", "comment ça se passe", des questions concernant les types de vaccin, etc.

Après, on a eu aussi l'effet inverse, c'est-à-dire des familles qui continuaient à voir leurs proches sans masque, des familles qui ont en plus été testées positives au covid. Dans ces cas-là on a dû faire de la prévention sur l'intérêt du masque et de se laver les mains. On était complémentaires à toutes les informations qu'ils ont reçues par ailleurs. Pour les personnes âgées ç'a été compliqué à mettre en place mais depuis un an ils comprennent, le masque, se laver les mains, ça a pris du temps mais maintenant c'est intégré dans le quotidien. On a été là pour rassurer, et répondre à des petites questions sur des points précis. Mais de façon générale les gens ont été plutôt surinformés.
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Développer l’accompagnement en EHPAD, malgré la crise du COVID-19

Rencontre avec Marianne Pannetier, Directrice de l'EHPAD du Bois-Doucet, ARPAV

Il y aura un avant et un après la crise sanitaire du Covid 19 pour les EHPAD. La crise qui a touché plus sévèrement les populations âgées, a provoqué un véritable séisme dans les institutions telles les EHPAD. Cette crise a été une souffrance pour les résidents, pour les familles et pour les soignants.

Les décisions à prendre pour protéger les résidents de la maladie et préserver la santé des équipes soignantes, ont pu être mal perçues, mal comprises, mal suivies, dû à la sévérité de la situation.

En 2020, les trois quarts des Ehpad ont eu au moins un résident atteint et un établissement sur cinq a connu un épisode dit « critique ». La campagne de vaccination ayant débuté dans les Ehpad en toute fin d'année 2020, progressivement, les contaminations baissent. On dénombre moins de 100 nouveaux épisodes par semaine depuis début mai 2021.

Rencontre avec Marianne Pannetier, Directrice de l'EHPAD du Bois-Doucet, ARPAVIE

À quel moment vous êtes-vous rendu compte que cette crise sanitaire allait être différente des précédentes que vous auriez pu connaître ?

Nous n’avons jamais connu d'autres crises que celle-là dans les EHPAD. Nous, les directeurs, nous avons compris que ça allait être très compliqué dès le départ parce qu'on n'avait pas d'échéance. La problématique de cette épidémie, contrairement à une grippe ou une autre épidémie d'infections respiratoires qui durent 15 jours-3 semaines, là nous n’avions pas de date de fin. Ce ne sont pas les mesures gouvernementales qui nous ont inquiétés mais plus de se dire combien de temps il allait falloir tenir avec cette crise.

Quelles ont été vos relations avec les acteurs institutionnels, notamment l'ARS ou les collectivités territoriales ?

On a eu la chance que l'ARS et le département aient été d'un grand soutien, puisqu'ils ont déployé très vite des moyens qui ont pu répondre à toutes les problématiques qu'on pouvait rencontrer. Des problématiques de gestion de la crise ou des problématiques humaines. On a reçu des appels très bienveillants des autorités qui étaient là pour nous aider et nous accompagner. Quelles que soient les situations qu'on pouvait rencontrer sur les établissements et sans jugement ou a priori sur les établissements.

Au niveau local, nous avons de très bons rapports avec la commune, avec le CCAS et puis le maire de la commune. Il y a eu beaucoup de solidarité pendant la crise sanitaire et beaucoup d'attention, portée en tout cas à l'accompagnement des personnes âgées.

Comment l'annonce du confinement en chambre d'abord, puis le maintien sur le long terme de ces mesures ont été vécues à la fois par les résidents et par leurs proches ?

Pour les résidents, ça a été subi. Ils n'ont pas eu le choix. Il a fallu travailler en équipe sur la façon de rassurer, parce que la difficulté quand les résidents ont été confinés était qu'il n'y avait plus de visibilité pour les proches sur ce qui se passait dans l'EHPAD.

Il a fallu rassurer les familles et casser ce cloisonnement entre l'extérieur et l'EHPAD. On a mis en place des Skype entre les résidents et leur famille, des cellules d'accompagnement téléphonique pour qu'ils puissent avoir leur proche au téléphone. On a transmis un maximum d'informations sur la vie de l'établissement par mail aux familles.

La communication avec les familles était primordiale. La disponibilité de la direction pour tout questionnement de famille était très importante aussi.

J'ai retravaillé l'organisation des équipes pour que les équipes soient au plus près des résidents dans leur chambre. Comme toutes les activités collectives étaient annulées, on a recentré tous nos accompagnements sur de l'accompagnement individuel.

On a également eu tout un travail, un questionnement en équipe pour repenser notre métier afin que les résidents se sentent le moins isolés possible.

Quelles sont les activités individuelles que vous avez pu proposer ?

C'est passé de la simple rencontre avec des visites en chambre à des activités sportives, de la stimulation cognitive avec des tablettes ou d’autres outils...

Les accompagnements individuels ne se limitent pas à la chambre. On avait mis en place dans l'établissement des sorties, puisqu’on a la chance d'avoir un beau jardin. Les accompagnements individuels, étaient aussi décidés en fonction de la demande de chaque résident et en fonction des métiers représentés dans l'EHPAD.

Avez-vous utilisé de nouveaux outils ?

On a surtout proposé de nouvelles activités à partir de l'existant, avec les moyens développés. Et on a le numérique qui s'est développé. On a eu des dons de tablettes par la Fondation de France et des entreprises locales qui nous ont permis de faire beaucoup plus de visio avec les familles et d'accompagnement de stimulation cognitive.

Comment vos équipes ont-elles réussi à traverser la crise ?

Il y a eu un sentiment de peur. Les professionnels avaient peur de ramener le virus dans leurs familles. Il y a eu aussi la peur que l’équipe soit touchée et d'être en sous-effectif. Il y a eu aussi un sentiment d'impuissance. Il y a toujours ce sentiment de se dire est-ce qu’on fait bien notre travail ?

Le point positif, c'est qu'il y a eu beaucoup de solidarité entre les équipes. Elles se sont vraiment serrées les coudes et se sont motivées entre elles pour pouvoir avancer. C'est cette solidarité qui nous a permis de nous organiser très rapidement.

Comment est-ce que la crise a affecté le travail des salarié.e.s ?

J'ai beaucoup de salariées: les psychomotriciens, les ergothérapeutes, qui ont fonctionné ainsi : elles ont décalé leurs horaires de travail pour être présentes sur les temps forts des résidents, sur les temps où ils avaient besoin.

Ils arrivaient plus tard le matin pour accompagner plusieurs résidents en chambre surtout lors de la prise des repas, pour éviter la perte d’appétit. Le soir pareil au lieu de terminer leur poste à 18h, ils partaient de l'établissement à 19h30.

Faire partie d'Arpavie a-t-il été un atout ?

Avoir Arpavie derrière nous nous a permis d'avoir une direction médicale qui analysait aussi toutes les mesures gouvernementales et qui nous aidait à rédiger les protocoles et les procédures à suivre.

Ça a été aussi bénéfique quand les prix se sont envolés pour les masques et les autres produits d'équipements individuels. On a pu commander en groupe avec plusieurs EHPAD pour limiter les coûts d'achat de protection individuelle pour les soignants. Le fait d'appartenir à un groupe a été très bénéfique, même pour le soutien moral des professionnels. On a été bien accompagnés, on ne s'est pas senti seul.

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